Automne 2007, affamés à cause d'un manque
de bleuets en forêt, les ours sont
venus faire leur tour en ville… en plein cœur
de Rouyn-Noranda! La faune sauvage est souvent considérée
nuisible en milieu urbain au point de devoir faire
des relocalisations forcées. À l'inverse, lorsque
ce sont les humains qui sont dérangeants en forêt,
il faut reconnaître ses torts et faire un effort
supplémentaire. À l'approche du 1er
juillet, découvrez l'histoire des nombreux
déménagements d'un couple de Balbuzard
pêcheur à la Forêt d'enseignement
et de recherche du Lac Duparquet.
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Carte de la FERLD. Cliquez sur
l'image pour obtenir un agrandissement. |
Dans
les années '90, un couple de Balbuzard
pêcheur niche à proximité du
lac Hébécourt, dans le marais adjacent,
puis sur la rive, côté Est. Cette région
du lac est alors peu développée et encore
peu achalandée. Le nid du couple nicheur étant
situé à plus de 30 mètres de hauteur,
la présence de pêcheurs et de villégiateurs
en chaloupe sur le lac n'est qu'une source de curiosité et
de distraction.
Parallèlement, sur le lac et
la forêt avoisinante,
plusieurs chercheurs universitaires de l'UQAT et
de l'UQAM développent un important programme
de recherche et installent plusieurs dispositifs de
recherche afin de mieux comprendre les processus écologiques
en forêt boréale. Avec le temps, les projets
de recherche se multiplient au point où, en 1995,
le gouvernement du Québec crée une
forêt d'enseignement et de recherche : La
Forêt d'Enseignement et de Recherche du Lac
Duparquet (FERLD).
En 2004 la construction de la station de recherche à la
FERLD débute sur les berges du lac Hébécourt.
Le nid est situé à quelques pas de la terrasse
principale. La présence du couple semble d'ailleurs
inspirer la municipalité de Rapide-Danseur puisque
le chemin d'accès de la station est baptisé le
chemin du Balbuzard.
Au printemps 2007, ne semblant pas apprécier la
compagnie des chercheurs, le couple déménage à plus
de 300 mètres dans la baie suivante. Pour l'observer,
il faut y aller par le lac, en chaloupe.
| Raynald Julien lors de l'installation de la plate-forme à plus de 30 m. du sol! |
À l'automne 2008 un sentier d'interprétation Le
sentier du balbuzard voit le jour. Les visiteurs
peuvent approcher et apercevoir le nid en parcourant
ce sentier. Mais le gros peuplier mort qui supporte
le nid, partiellement grugé par un castor, s'effondre
au sol quelques semaines plus tard. Décidemment,
rien ne va plus pour le couple de Balbuzard!
À l'hiver 2009, la FERLD procède à l'installation
d'une plate-forme, tout en haut d'une épinette
blanche, afin de favoriser le retour du balbuzard sur
le site, Ce type de plate-forme a déjà été installée
avec succès ailleurs au Québec et en Amérique
du Nord, notamment dans la région de Val d'Or.
Pour éviter tout dérangement des adultes
en nidification, l'accès à une section
du sentier d'interprétation est fermé aux
visiteurs. Un sentier alternatif, contournant les environs
immédiats du nid, est aménagé pour éloigner
les visiteurs du nid, et éviter la désertion
du site par les balbuzards.
1er mai 2009 : De retour de migration, le couple
s'installe!!! La FERLD espère que la plate-forme
sera utilisée pour plusieurs années par
le couple de Balbuzard et que les mesures d'accès
au sentier seront satisfaisantes.
Louis Imbeau, chercheur à la Chaire
AFD et membre
du CEF, spécialiste de la faune nous rappelle que « les
rapaces sont vulnérables au dérangement
humain. La plupart des espèces doivent être à une
bonne distance des activités humaines pour nicher.
Si le développement de tous les lacs pour la villégiature
se fait de façon un peu anarchique, en utilisant
toutes les rives et toutes les îles, on perdra
le Balbuzard et le Pygargue à bien des endroits ».
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Nouveau nid sur la plate-forme |
Au Québec, les balbuzards pondent normalement
trois œufs. Les œufs sont couvés pendant
35 à 43 jours et les jeunes restent au nid pour
une période de 50 à 55 jours. Ceux-ci demeurent
dépendants des adultes de 10 à 20 jours
suivant la sortie du nid. Le mâle nourrit la femelle
pendant toute la durée de l'incubation, qu'elle
assume presque entièrement seule. Les couples restent
habituellement unis d'une année à l'autre,
les deux parents étant attachés au nid et
au territoire où ils ont élevé des
jeunes avec succès. Puisque les adultes vivent
de 15 à 25 ans, les nids sont souvent utilisés
en succession pendant une assez longue période.
On estime à un peu plus de 300 le nombre de nids
actifs au Québec, au sud du 50e parallèle.
Un sentier de randonnée avec panneaux d'interprétation
a été inauguré le 4 octobre 2009 (voir
les panneaux).
Texte : Daniel
Lesieur, Danielle
Charron, Louis Imbeau
Photos : Claude-Michel
Bouchard et Danielle
Charron.
Informations tirées de Desgranges (2005), dans
l'Atlas des oiseaux nicheurs du Québec.
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