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GUIDE FERLD 2012
LE PIN ROUGE,
UN RÉFUGIÉ DES ÎLES
Le lac Hébécourt compte une trentaine de petites îles. Ces
milieux sont particulièrement intéressants d’un point de
vue scientifique puisque comme elles sont isolées de la
terre ferme, leur dynamique est différente. Par exemple,
alors qu’on retrouve très peu de pin rouge dans la forêt
abitibienne, il s’agit de l’espèce dominante sur plusieurs îles,
notamment des lacs Duparquet et Hébécourt. Pourquoi ?
Des chercheurs associés à la FERLD se sont attaqués à ce
mystère pour découvrir que les différences entre le régime
de feux des îles et de la terre ferme expliqueraient le
phénomène.
En effet, les feux sur la terre ferme couvrent de plus grandes
superficies et sont de plus forte intensité que sur les îles,
ce à quoi est mal adapté le pin rouge. Il peut cependant
survivre à des feux de faible intensité, bien qu’il en porte
les cicatrices. Un régime de feux fréquents mais de faible
intensité, comme celui que connaissent certaines îles,
permet de maintenir le milieu ouvert, tout en épargnant
les semenciers de pin rouge, ce qui permet le maintien de
l’espèce.A l’opposé, certaines îles du lac Duparquet n’ont pas
connu de feux depuis des siècles, ce qui a permis aux plus
vieux arbres du Québec d’y croître (pp. 32 et 39).
03
ARRÊT
ASSEZ RARE
POUR ÊTRE DÉSIGNÉ
Ces petits îlots de pin rouge sont suffisamment
rares pour que le ministère des Ressources
naturelles et de la Faune les désigne
écosystèmes forestiers exceptionnels.
Ils font partie de la forêt rare du lac Duparquet, qui
englobe également des petits peuplements de pin rouge
accompagné de pin blanc, en bordure du lac.
L’hiver, une couche de glace se forme à la
surface des lacs.
Au printemps, la fonte des neiges
entraîne une élévation du niveau de l’eau, qui rejoint
souvent les arbres situés sur la berge.
La couche de glace se fragmente, et le vent crée des
empilements de glace qui vont se frotter aux arbres riverains,
d’où la formation de blessures, puis de cicatrices dites glacielles
sur ces derniers. À l’aide de la dendrochronologie (p. 14),
on peut retracer ces cicatrices et dater leur formation. Ces
informations permettent alors de retracer le niveau de l’eau
au fil du temps et d’identifier les années de crues printanières
particulièrement importantes.
CASSEZ
LA GLACE
© Danielle Charron
© Claude-Michel Bouchard
© Brian Harvey
L’eau et la glace ont érodé le sol autour des racines
de ces arbres et la glace a arraché leur écorce
Cicatrice de feu sur un pin rouge