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GUIDE FERLD 2012
La récolte forestière
génère des quantités
importantes de résidus. Feuillage, branches,
cîmes, autres parties actuellement inutilisables
par l’industrie forestière… Chez les résineux, on
estime que le tiers de l’arbre reste en forêt, et
que cette proportion est encore plus importante
chez les feuillus. Or si ces résidus ne peuvent
être transformés par les scieries, ils peuvent
connaître une deuxième vie sous diverses formes
ou être utilisés pour la production de bioénergie.
L’engouement pour leur récupération est tel que le
gouvernement du Québec a lancé, en février 2009,
un plan d’action sur la valorisation de la biomasse
forestière à des fins énergétiques.
Dans toutes les régions forestières, des
entrepreneurs ont développé différentes approches
pour extraire et transformer ces résidus forestiers.
À La Sarre, la compagnie Cyclofor a développé un
récupérateur-compacteur pouvant ramasser les
résidus forestiers sur les parterres de coupe à la
suite des opérations de récolte.
FAIRE LE MÉNAGE,
UNE ACTIVITÉ À RISQUE?
À première vue, l’idée est emballante. Cependant, si
les intérêts économiques et sociaux de cette pratique
sont indéniables,plusieurs enjeux environnementaux
se posent. Tous les « déchets de coupe »,
particulièrement le feuillage et les fines branches,
renferment une grande quantité d’éléments nutritifs
qui sont relargués dans le sol au fur et à mesure qu’ils
se décomposent. En exportant cette matière ligneuse,
on exporte aussi la réserve de nutriments. Des études
portant sur la productivité des sols de sites ayant été
récoltés « par arbre entier » (où l’arbre est abattu puis
transporté en bordure de chemin pour être ébranché)
ont démontré que l’exportation de la biomasse peut
réduire les réserves de nutriments et conduire à une
baisse de la productivité des sols sur certains sites.
Même préoccupation pour les graines contenues
dans les cîmes. En restera-t-il suffisamment pour
régénérer les peuplements? Finalement, les espèces
qui utilisent cette biomasse seront-elles menacées
par son exportation comme ça a été le cas en
Scandinavie?
SUIVEZ LE GUIDE
Les professionnels et les chercheurs associés à
la FERLD, en étroite collaboration avec Cyclofor,
ont donc mis sur pied une étude visant à évaluer
l’impact de la récupération des résidus forestiers
sur la productivité des sols, la régénération, le bois
mort et un groupe d’insectes, les arthropodes.
À l’hiver 2008-2009, dans des peuplements de pin
gris issus du feu de 1923, deux types de traitements
ont été réalisés : la coupe avec protection de
la régénération et des sols (CPRS) et la coupe
partielle. On a établi des parcelles expérimentales
dans chaque traitement, et le récupérateur de
Cyclofor a récolté les résidus de coupe dans la
moitié des parcelles. Un traitement « extrême », où
le récupérateur a récolté le maximum possible de
biomasse, a aussi été appliqué dans la CPRS. Les
premiers résultats devraient être disponibles dans
les années à venir. C’est donc une histoire à suivre…
TROUVER LE SEUIL
Si on note un appauvrissement des sols et
de la biodiversité, faudra-t-il mettre un terme
à la récupération des résidus forestiers? Pas
nécessairement. Actuellement, on estime que le
récupérateur prélève environ 70% de la biomasse.
Avec les résultats des travaux de recherche en
cours, on devrait être en mesure d’identifier des
seuils de récupération à ne pas dépasser pour
préserver le bon fonctionnement des écosystèmes.
RÉCUPÉRER
SANS APPAUVR I R
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A R R Ê T