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GUIDE FERLD 2012
Quiconque a déjà observé
une coupe totale et
un brûlis sévère peut témoigner de la différence entre
ces deux perturbations. S’il est vrai que pratiquement
tous les arbres meurent dans les deux cas, dans le
brûlis, les chicots (arbres morts debout) sont légion,
quelques arbres ont survécu et bien souvent, dans
des dépressions plus humides, des zones ont échappé
au feu. De plus, les périmètres des feux sont bien plus
irréguliers que ceux, rectilignes, des coupes.
UNE VARIÉTÉ D’ALTERNATIVES
Comment traduire la variété des paysages observés
après feu en aménagement? Les chercheurs associés
à la FERLD ont expérimenté la coupe à rétention
variable. Le résultat peut prendre plusieurs formes.
• On peut laisser tous les arbres dont le diamètre
est inférieur à un certain seuil; on parle alors de
coupe avec protection des petites tiges marchandes
(CPPTM). Ces tiges ont encore un potentiel de
croissance intéressant tout en ayant une valeur
commerciale généralement faible pour le moment.
De plus, il faudra beaucoup de temps pour que
des tiges équivalentes se développent. En les
laissant sur place, on sacrifie peu de choses tout
en conservant un patrimoine structural mais aussi
économique, puisqu’on pourra revenir chercher ces
tiges lors de la prochaine récolte.
• On peut laisser sur pied quelques arbres ici et là :
on dit alors qu’on fait de la rétention dispersée. On
laisse toujours plusieurs grosses tiges pour s’assurer
que la faune, principalement cavicole, demeure
présente (Arrêt 2). Parfois, on fait un compromis
entre la rétention et la récolte, et on ne prélève
que le haut de la tige. On dit alors qu’on laisse des
totems ou chandelles.
• On peut aussi laisser un ensemble d’arbres au
sein d’un parterre de coupe : on parlera alors de
rétention agrégée. En fonction de la taille et de la
forme de la zone qui a été préservée, on parlera de
bouquet ou d’îlot de rétention.
Dans tous les cas, on laisse le bois mort, sur pied
ou au sol, qui ne représente pas de danger pour les
travailleurs,mais un grand intérêt pour la biodiversité.
SUIVEZ LE GUIDE
Ce site a fait l’objet d’une coupe à rétention variable
en 2010. On a demandé aux opérateurs de conserver
25 tiges/ha, dispersées sur le parterre de coupe. On
a pris soin de laisser plusieurs tiges d’épinette de
moins de 18 cm, et plusieurs arbres ont été étêtés
pour former des totems. Leur hauteur, environ 5 m,
correspond à un peu moins que la portée verticale
maximale du bras de l’abatteuse.
GASPILLAGE?
Au contraire! Ces arbres constituent des legs
biologiques et remplissent plusieurs fonctions
écologiques. Les arbres laissés sur place peuvent agir
comme semenciers et contribuer à la régénération
de la forêt. Dans le futur peuplement, ils joueront le
rôle de vétérans, contribuant à la diversité structurale.
À mesure qu’ils mourront, ils seront colonisés par le
peuple du bois mort et seront impliqués dans les
processus de cyclage des éléments nutritifs (Arrêts 2
et 5).Tous ces enjeux sont d’ailleurs sous la loupe des
chercheurs associés à la FERLD, qui veulent évaluer
comment le rôle de ces arbres diffère selon qu’ils
sont situés en forêt aménagée ou non.
EN LA I SSER UN PEU :
UN I NVEST I SSEMENT À LONG TERME
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A R R Ê T
© Simon Bédard
L’utilisation des arbres maintenus sur pied par
les oiseaux, comme ce pic mineur, est étudiée
par les chercheurs