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GUIDE FERLD 2012
Sous ses eaux calmes,
le petit lac Francis cache
des secrets millénaires. L’histoire des feux et de la
végétation des siècles passés y est précieusement
archivée… dans la vase! Chaque année, des débris
s’accumulent au fond du lac. Avec le temps, ces
dépôts – que les chercheurs nomment gyttia -
deviennent très épais et forment des strates que
l’on peut dater à quelques centaines d’années près. À
l’aide de longs tubes qu’on enfonce dans la vase, les
chercheurs associés à la FERLD ont prélevé ce qu’on
appelle des « carottes » de sédiments. En laboratoire,
ils ont cherché deux types d’indices : des fragments
de charbon et des grains de pollens.
UN PEU DE ‘CHARCOAL’,
MAIS PAS POUR LE BARBECUE
Lors d’un incendie forestier,de tout petits charbons de
bois sont emportés avec la fumée et se déposent un
peu plus loin. En observant leur abondance à travers
les strates de gyttia et en les datant (notamment
à l’aide de la technique du carbone 14), on est
arrivé à identifier les évènements de feux et à en
reconstituer les intervalles sur une période de plus
de 7000 ans. Par exemple, on s’est aperçu que vers
2200 avant nos jours, l’intervalle moyen entre les
feux est passé de 260 à 85 ans. Les résultats de cette
analyse anthracologique, l’étude de ces charbons, a
été corroborée par la reconstitution historique des
feux plus récents (de 1700 à nos jours) basée sur
une analyse des cernes de croissance des arbres
(p. 14 section recherche).
À VOS MICROSCOPES!
PRÊTS? IDENTIFIEZ!
De la même façon, le pollen émis à chaque printemps
par les fleurs des arbres s’accumule au fond du lac.
Comme chaque espèce d’arbre produit des grains
de pollen dont la forme est différente, l’analyse
palynologique permet de retracer la composition
des forêts situées à proximité du lac. On peut ainsi
dégager les grandes tendances. Par exemple, dans
les 3000 années qui ont suivi la mise en place de
la végétation aux environs du lac (entre 8000 et
5000 avant nos jours), le pin blanc et le thuya
étaient beaucoup plus abondants qu’ils ne le sont
aujourd’hui. Les vieilles cédrières comme celles de
l’arrêt 5 étaient alors communes.
DIS-MOI QUAND TU BRÛLES,
JE TE DIRAI QUI TU ES
Les changements dans la fréquence des feux se
répercutent éventuellement sur la composition du
couvert végétal. Par exemple, lorsque le climat s’est
refroidi et que les feux sont devenus beaucoup plus
fréquents, le pin gris et le bouleau blanc, des espèces
qui s’installent facilement après feu, ont pris de
l’importance alors que thuya et le pin blanc se sont
faits plus rares.
LE LAC FRANCIS… BERGERON?
Instigateur de la recherche sur le territoire de la
FERLD, Yves Bergeron a baptisé ce lac en l’honneur
de son plus jeune fils. Un clin d’œil pour la postérité!
L I RE DANS LA VASE
N’A R I EN D’ÉSOTÉR I QUE
04
A R R Ê T
LES CHANGEMENTS
CLIMATIQUES
NE DATENT PAS D’HIER
Bien que nous renseignant sur le passé,
ces informations s’avèrent très utiles dans
un contexte contemporain.
Couplées à des données climatiques historiques,
elles permettent de comprendre l’influence des
changements climatiques passés sur la fréquence
des feux et la dynamique de la végétation
forestière, et ainsi d’anticiper l’influence des
changements climatiques en cours.
© Virginie Angers